Ma bonne étoile – Clara Richter

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J’ai été très heureuse de découvrir enfin ce premier livre de Clararichterauteur, roman qui m’a frappée par ses nombreuses qualités fondamentales (certaines petites choses m’ont gênée et comme je suis une pinailleuse maniaque je ne vais pas vous les épargner – mais elles sont venielles au regard du reste)

Tout d’abord, le cadre. Soupir d’aise. La France enfin ! (je ne suis pas chauvine plus que ça hein, mais ces romans high school ça pèse à force). La Bretagne ! Quiberon ! Saint Malo ! Et même un petit tour ailleurs… (no spoil)

Ensuite, l’écriture, parfaite : élégante, fluide, naturelle. Du genre qui permet une parfaite immersion dans l’histoire, sans efforts.

Les thèmes : je les ai trouvés très courageux et traités avec beaucoup de rigueur, sans complaisance ni concessions. Ma lecture a d’ailleurs été parfois éprouvante (certainement d’autant plus que je suis une mère). La question centrale est très bien posée et étudiée : peut-on vraiment comprendre quelqu’un qui a vécu des horreurs sans nom ? Nos propres épreuves ont-elles une quelconque légitimité en comparaison ? Peut-on espérer aider vraiment une personne tellement éprouvée à accepter la vie qui lui reste ? Un autre point est également très bien mené, celui du deuil, de son cheminement, de l’acceptation de l’absence, du besoin de comprendre, de la possibilité de s’octroyer le droit d’aimer la vie et de profiter de ce qu’elle continue de nous offrir, à nous, les survivants.

La romance est touchante dans son essence, et jamais simplifiée. Je ne l’ai cependant pas appréciée sa juste valeur, la romance développée en détail n’étant plus un genre que je sois capable de lire. Elle sonne cependant très juste et j’ai aimé le réalisme pragmatique du traitement du désir et de la consommation d’une relation pour une très jeune personne.

J’ai beaucoup aimé l’évolution psychologique de la jeune fille, capable de remettre en question ses jugements (sur sa mère, la famille d’accueil des deux jeunes Syriens), de passer au-delà des vexations causées par sa relation en dents de scie avec Elyas (dont les tourments ne font pas un petit ami de tout repos !) et de lui rester fidèle, toujours là pour lui.

Dans le domaine des réticences je n’ai pas compris la violence physique d’Alix, ni surtout qu’Elyas semble l’admirer pour ça. Le personnage du père est un peu oublié je trouve, il existe surtout en opposition à la mère qui s’effondre, j’aurais aimé un peu plus d’éclairage sur lui. Et pour finir la seule chose qui m’a vraiment fait tiquer tout au long du roman, le personnage de la meilleure amie, que j’ai trouvé à la fois improbable pour sa personnalité clichée et encore plus pour sa relation avec Aylan, à la fois invraisemblable et même déplacée à mes yeux (leurs âges respectifs, l’inadéquation entre le vécu de l’un et la superficialité de l’autre). Mais je ne peux m’empêcher de chipoter, je vous avais prévenus…

Pour finir, un roman que je vous recommande chaudement, solide, très bien informé et d’une sensibilité pleine d’intelligence.

320 pages 14,90 €
paru le 10 janvier 2018
Editeur Dreamland 

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