Depuis quelques temps j’ai entrepris de relire petit à petit tous les livres de l’auteur en vo. Je me rappelle assez bien de certains, mais pas du tout ou très peu d’autres, comme celui-ci.
Ce roman est le premier roman policier de l’auteur, la première fois où Poirot entre en scène ! C’est aussi un roman très moyen, que je me suis surprise à ne pas beaucoup apprécier, alors que je suis fan de l’auteure… Je ne l’ai su qu’après avoir fini le livre, ce n’est donc pas un biais 😊
L’intrigue est un peu emberlificotée, même après la grande scène des révélations finales. A noter une chose amusante à ce sujet : mon édition propose en annexe une fin alternative, la première écrite par l’auteure, où tout s’explique déjà grâce à Poirot, mais au tribunal. Dans la version officielle cette partie-là a lieu classiquement sur les lieux du crime, au salon, en présence de tous les suspects, et c’est Poirot qui mène la danse…
Deuxième faiblesse, l’étirement de l’intrigue. Plusieurs mois séparent le crime de son dénouement, il y a un petit passage à vide qui dilue l’intérêt du lecteur.
Mais ce qui m’a vraiment déplu dans ce premier Poirot est la relation entre celui-ci et Hastings. Si Hercule Poirot, détective Belge à la retraite, est déjà délicieusement caractérisé, son attitude envers Hastings est trop cruelle. Non pas dans les faits, les scènes sont classiques et caractéristiques de cette relation à la Sherlock-Watson, mais dans la voix du narrateur – Hastings. Celui-ci se méprend sans cesse, se montre d’une bêtise et d’un manque de clairvoyance invraisemblables, tout en comparant sa propre intelligence à la gentillesse bornée de l’ami chez qui se déroule toute l’histoire. S’il était vraiment aussi limité intellectuellement, l’attitude de Poirot aurait été clairement abusive. Voulant amuser son lecteur l’auteure en fait trop, rendant Poirot antipathique et Hastings pathétique. Il est probable qu’elle ait réalisé ensuite la caricature, puisque les autres romans, de mémoire, montrent une relation toujours aigre-douce mais bonne enfant et équilibrée :
Poirot est clairement le cerveau mais Hastings garde l’avantage du bon sens et de la dignité qui lui est refusée dans cette première aventure commune.
En conclusion un roman qui ne me paraît pas incontournable, sauf pour les fans qui seront curieux et admiratifs du talent naissant de l’auteure, célèbre pour la mise en scène de ses personnages et son imagination féconde, qui nous pousse à soupçonner tour à tour chacun des protagonistes avant de nous sortir une explication fracassante de son chapeau !