Quand devient-on un(e) auteur(e) ?

Cette question ne peut évidemment pas recevoir de réponse précise et tranchée, si on s’en tient au sens large. Nous écrivons tous quantité de messages, de dissertations, de chroniques, de pense-bêtes, de listes de courses même !

Je vais la réduire ici à ce qui m’a toujours passionnée, depuis toujours : les récits qui racontent des histoires…

Le premier réflexe, surtout vrai il y a encore une dizaine d’année, serait de dire qu’un(e) écrivain(e) devient auteur(e) dès qu’un éditeur à compte d’éditeur a accepté son manuscrit. Lorsqu’un professionnel du livre a reconnu son potentiel et s’apprête à le proposer à un lectorat, se chargeant de tout.

Alors certes une telle victoire doit être infiniment plaisante. Mais pourtant rien n’est joué. Nombreux sont les auteurs édités traditionnellement à n’avoir pas rencontré pas leur public, simplement parce que les éditeurs, aussi professionnels et pointus soient-ils, ne sont pas des devins. Les romans invendus (et ils sont incroyablement nombreux !) sont paraît-il passés à la moulinette : horreur…

On pourrait ainsi affirmer, qu’un(e) auteur(e) n’est confirmé(e) qu’à partir du moment où ses romans se vendent suffisamment bien pour qu’il (elle) continue d’en écrire encore d’autres. Ou si son unique roman est proclamé chef d’oeuvre et continue de ses vendre année après année. L’approbation par la pérennité en quelque sorte.

Je vais passer rapidement sur la naïve croyance qui consisterait à penser qu’être auteur(e) consisterait à vivre confortablement de sa plume. Très rares sont les personnes à en vivre, même parmi ceux qui jouissent d’une honnête notoriété. Il faut en effet vendre beaucoup de livres, et très régulièrement, pour se retrouver avec un revenu décent après impôts…

Mais revenons aux écrivain(e)s sans éditeur. Tous ceux qui continuent d’écrire des histoires, courtes ou longues, en secret ou sur des sites d’écriture. Que sont-ils ? Des écrivaillions, des apprentis écrivains, des auteur(e)s embryonnaires ?

Je me suis posé cette question il y a une dizaine d’années. A l’époque j’avais déjà écrit plusieurs histoires, dont une qui me semblait enfin « solide », semblable à un « vrai livre » : « Louglediya, le Royaume des deux Couronnes », le premier tome de ma série de fantasy Les Enfants de l’Hyphale d’Or.

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Cette question n’était pas une question vague et insouciante, mais un réel questionnement : devrais-je à continuer d’écrire si mes manuscrits ne soulevaient jamais l’intérêt d’un éditeur, si je continuait d’essuyer des refus, comme avec les trois ou quatre romans déjà proposés ? serait-ce raisonnable ? supportable ?

A ce moment s’est posé le problème de fond de la justification. En théorie, bien sûr, on peut dessiner seulement pour soi, apprendre à jouer d’un instrument pour son propre plaisir uniquement, écrire pour le plaisir d’écrire. En pratique, lorsqu’on écrit – que l’on raconte  des histoires -, c’est pour quelqu’un. Un lecteur, un auditeur. Une personne autre que soi-même.

Un seul ?

Eh bien oui, il serait parfaitement légitime de se dire qu’un seul lecteur ou auditeur suffit. L’histoire a été lue, écoutée, elle a été transmise… En pratique, encore, car l’esprit humain est vite insatisfait et réclame toujours plus…

De ce côté-là j’étais tout de même bien servie, puisque mes enfants, leurs amis, une de mes nièces et ma filleule étaient de très bons lecteurs, assez grands pour commencer à lire mes livres et assez jeunes pour trouver encore très cool d’avoir une maman, une tante ou une marraine qui écrit des histoires ! ^-^

J’ai donc persévéré. Mais… mais il y a un mais.

Une fois l’histoire écrite, lue et appréciée, reste malgré tout la question du support. Nous ne vivons plus dans une tradition orale, les histoires sont désormais couchées sur papier (ou sur écran ; ailleurs que dans nos fragiles cerveaux en tout cas !). Si, toujours en théorie, une histoire reste une histoire, qu’elle soit au format A4 ou numérique, il est évident qu’en pratique un roman non publié, resté sur Word ou même en reliure A4 garde un tenace parfum d’inachevé.

Serait-on enfin un(e) auteur(e) le jour où notre premier roman apparaît en chair et en papier ?

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C’est certainement l’un des aspects les plus cruciaux, même s’il n’a rien de tangible lorsqu’on est, comme je le suis, auteure auto-éditée. Mais c’est tout de même une fantastique concrétisation !

Fantastique, soit, mais toujours insuffisante, lorsqu’on souhaite continuer d’écrire. Outre la difficulté à « écouler » les livres imprimés traditionnellement, reste toujours le problème de fond : celui de la justification.

Même en étant rentier (ce qui n’est pas mon cas, hélas ^-^) avec les moyens de fabriquer à la pelle de superbes éditions papier, continuer d’imaginer et d’écrire des histoires, y consacrer un nombre d’heures que l’on se garde bien de compter, sans avoir un lectorat en face de vous… ce n’est tout bonnement pas envisageable !

Mais quand on a toujours cette envie d’écrire et surtout, en ce qui me concerne, d’imaginer et de raconter des histoires, il faut bien trouver une solution, en attendant l’éditeur charmant qui ne viendra peut-être jamais. Une solution pratique, pour que l’écriture soit viable économiquement, et une solution psychologique, afin de recevoir le minimum d’encouragements nécessaire pour ne pas avoir l’impression d’écrire dans le désert !

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Ma solution à ce jour reste l’auto-édition : au format numérique via le KDP (Kindle Direct Publishing) d’Amazon et au format papier via CreateSpace (filiale d’Amazon). Une solution gratuite, du moins si l’on est capable de gérer seul (ou bien accompagnée, merci à Béatrice, Stéphane, Sophie, Amandine…) toutes les phases précédentes (corrections, mise en forme, illustrations, etc.).

La distribution reste hoquetante, liée au hasard de la pioche sur Amazon, ou aux rencontres sur internet – l’un des meilleurs à-côté de l’écriture, je me suis fait tant de bons amis grâce à mes romans ! – mais satisfaisante, dans son petit train-train sans prétention.

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Et pour finir, voici ma réponse personnelle à cette épineuse question, « Quand devient-on une auteure » est celle-ci : et bien quand de parfaits inconnus achètent et lisent vos livres et s’en déclarent heureux !

What else ? 😀

N’hésitez pas à me faire part de vos expériences et impressions sur le sujet 🙂

 

 

2 réflexions sur “Quand devient-on un(e) auteur(e) ?

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