J’ai découvert l’auteure avec sa série des Chroniques Lunaires (« Cinder », « Scarlett », « Cress », « Winter » et « Levana »), série que j’ai adorée. C’est pour moi l’une des meilleures séries jeunesse actuelle, très imaginative, avec de bons personnages, des messages positifs et éclairés et avec une belle économie des stéréotypes de genre…
J’ai eu un avis légèrement plus mitigé sur « Heartless », sans doute parce que je m’attendais, contre toute attente (c’est l’histoire de la méchante reine d’Alice au Pays des Merveille), à une fin positive, et que l’évolution psychologique du personnage m’a paru trop précipitée sur la fin.
Mais revenons à Renegades.
A priori le thème ne me tentait pas trop, il me semble actuellement un peu trop utilisé à tout bout de champ. Toutefois, quand je connais l’auteur, comme pour Brandon Sanderson ou Marissa Meyer, je me laisse tenter ! Et j’ai bien fait.
Tout d’abord Marissa Meyer raconte si bien que c’est un bonheur de la lire, il suffit de se laisser porter. Les personnages sont assez nombreux mais facilement identifiables, leurs personnalité, leur manière de penser, de s’exprimer, diffèrent clairement.
L’histoire, qui promet une suite (rien n’est clairement indiqué sur la couverture et dans la présentation du roman, et je commençais à avoir de sérieux doutes sur le rythme du roman quand j’ai compris avoir entre les mains un tome 1 – chouette !), est passionnante. L’action n’est grâce au ciel pas omniprésente, mais seulement utilisée à bon escient.
Le thème général est moins original que celui de la série des Chroniques Lunaires, mais il est brillamment traité. L’auteure utilise parfois des ficelles classiques qui ont fait leurs preuves (par exemple les deux héros appartiennent à deux groupes ennemis avec l’enchaînement d’expositions attendu), mais elle déploie également certains sujets en filigrane, avec beaucoup de subtilité.
Les super héros ont vu le jour il y a une cinquantaine d’années et n’avaient rien de super au départ. Les pouvoirs souvent étranges et effrayant qu’ils déployaient les pointaient comme des monstres, et la plupart se comportaient comme tels. Une fraction d’entre eux, les Renegades, ont décidé de changer la donne et d’œuvrer pour le bien commun. Leurs intentions ont été louables, et le demeurent. Mais comment échapper à la politique même si on préférerait continuer d’agir au quotidien ? Comment renouveler ses troupes sans un certain mode de sélection ? (celui-ci, mâtiné de télé-réalité pour le bien de la cause, est très bien vu) Comment ne pas relâcher toute tentative d’auto-défense ou d’organisation de forces de l’ordre classique quand des super héros se déclarent prêts à arriver au moins appel sur leur hotline ?
Adrian, un garçon paisible et sympathique, est le fils adoptif des deux tête d’affiche des Renegades (il est noir, enfin brun de peau, et ses pères sont mariés – une bouffée d’air pur !). Nova, orpheline volontaire et irascible, est de l’autre camp, celui des Rebelles, des Anarchistes. Il n’est pas aisé de comprendre l’envie de ceux-ci de détruire le système, d’autant plus qu’une certaine liberté sous surveillance leur est accordée. Mais justement, tout est là. Les anarchistes refusent toute règle, en particulier toute oppression de leurs pouvoirs, même les plus dangereux. Chacun pour soi tant pis pour les faibles. Leurs alliances sont d’ailleurs fragiles, d’autant plus instables que la plupart d’entre eux frisent la folie.
Nova a ses raisons de détester les Renegades, des raisons que le lecteur comprendra peu à peu. Ses réticences envers l’autorité en place, qui ne cèdent que difficilement devant l’évidence, sont très bien exposées, sans raccourci facile.
Autre point que j’ai beaucoup apprécié : en tant qu’adulte férue de littérature jeunesse, je suis souvent mal à l’aise face à des lectures où les héros adolescents sont opposés au adultes. Dans le pire des cas c’est « les gentils et courageux ados contre les méchants et pernicieux adultes » (hein ? quoi ? hey !) ; dans le meilleur des cas c’est réglé par une situation le plus souvent complètement farfelue où les ados sont amenés à être complètement indépendants des adultes. Et là, le plus souvent, mon sens (aiguisé voire maniaque) de la cohérence s’insurge ! C’est si artificiel… Ici rien de tout cela. Les personnages principaux, âgés de 17 ans environ, côtoient des adultes au quotidien. L’histoire est centrée sur eux, mais les interactions ne se limitent par à celles qu’ils ont avec leurs pairs.
En résumé une lecture addictive et intelligente, pour tous ceux qui aiment les histoires approfondies, les traitements subtils et centrés sur la psychologie des personnages. Un sans faute pour moi !
La version française, « Le gang des prodiges » sort le février 2018 chez PKJ ! 🙂
Aux Editions Feiwel & Friends, version originale, parution le 7 novembre 2017
556 pages – 17,72 € pour le format papier et 6,49 € pour le format numérique
Aux Editions Pocket Jeunesse pour la version française parution le 1 février 2018
608 pages – 19,90 € pour le format papier et 13,99 € pour le format numérique
Ohh super chronique ! Mon intérêt pour ce livre vient d’augmenter !
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Merci ! Si tu passes à l’acte j’espère qu’il te plaira autant qu’a moi 🙂
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