J’ai lu ce roman, traduit chez @editionsmichellafon, sur les conseils du charmant duo @bountynette_litterature et @ecureuil_de_natacha. Le livre a été également adapté en film sur Netflix, mais je n’ai pas voulu le voir, je n’ai pas l’impression qu’il soit très fidèle à l’esprit du livre…
Parce que l’esprit du livre est superbe ! J’ai adoré cette lecture, la « voix » de Dumplin, ses relations avec ses proches. La psychologie du roman est très fine sous la trame distrayante (l’aspect principalement retenu par l’adaptation si j’ai bien compris). Pour moi le sujet principal est bien celui du rapport d’une personne à son poids, la difficulté d’être bien dans son corps quand tout crie autour de vous que vous êtes trop gros, la difficulté de savoir même finalement si on accepte vraiment ce corps ou pas, cette impossibilité d’être capable de juger par soi-même, d’établir une image de soi authentique quand la pression sociale est si grande.
Durant ma lecture j’ai beaucoup pensé au roman de Jennifer Niven, « Tous les visages de notre histoire ». Contrairement à Miss Dumplin, je n’ai pas beaucoup aimé ce livre, en particulier pour l’exposition du surpoids. Après avoir établi avec force le désir de l’héroïne de faire comprendre au monde qu’elle est très bien dans sa peau et que le monde ferait bien de la laisser vivre – un excellent point – l’autrice gomme petit à petit les rondeurs de la jeune fille, qui n’est alors plus que sourires, yeux et voix pour le garçon qui tombe amoureux d’elle. J’avais trouvé cette évolution néfaste, cet oubli bien pratique du corps, comme si l’amour faisait disparaître les kilos, la différence de poids. Au contraire ce corps aurait dû être mis à l’honneur, considéré à l’égal des yeux et de la bouche dans la séduction…
Dans « Miss Dumplin », la déchirante difficulté de ne pas se sentir désirable dans les bras d’un garçon (sexy et populaire) – même si celui-ci se montre séduit et plein de désir – est extrêmement bien traité. Non éludé, non balayé d’un revers de main. Une analyse pleine de finesse du triple regard de soi, de l’autre… et des autres.