
Pour commencer je remercie Fanny (nana0ups sur Instagram) de m’avoir proposé de participer à la journée internationale des droits des femmes avec son hashtag #jaimemonautrice. Elle a tout de suite pensé que je pourrais parler de Colette, une autrice dont je lui parle très souvent, et elle a eu raison !
Colette est une autrice qui fait partie de notre patrimoine familial. Il me semble l’avoir toujours lue, certainement parce que j’ai commencé à lire ses romans très jeune, dès dix ou onze ans. Mon grand-père maternel, que je n’ai pas connu, était un grand admirateur de Colette ; j’ai même un de ses romans, « Le toutounier », dédicacé à son nom ! Il a dû être tellement heureux de pouvoir la rencontrer ! hélas l’histoire de cette entrevue a disparu avec lui… Je regrette de n’avoir jamais connu cet homme, né au début du siècle dernier, assez moderne dans ses pensées pour reconnaître le talent et la personnalité de Sidonie Gabrielle Colette, une femme hors norme ! Elle aura marquée l’histoire par ses écrits, mais aussi par sa personnalité et son courage à braver les interdits de l’époque, sans complexe aucun. C’était une amoureuse avant tout, des gens, des animaux, de la nature, des mots, de la solitude, une féministe de nature. La femme idéale pour célébrer cette journée des droits des femme.
Colette a beaucoup écrit et ses oeuvres n’offrent pas toujours la même ambiance de lecture. Ses romans que j’ai lus et relus sont ceux de sa série Claudine, les plus célèbres sans doute, mais aussi « L’ingénue libertine », « Gigi », deux courtes histoires piquantes et romantiques, et l’inoubliable « Dialogues de bêtes ». Je suis loin d’avoir lu toute sa bibliographie ! Un jour, j’espère… Pour la petite histoire c’est son mari, Willy, écrivain connu à l’époque, qui a encouragé sa jeune femme (il était beaucoup plus âgé qu’elle) a écrire ses souvenirs d’école. La jeune femme s’y est attelé, sur ses cahiers bleus, et le tout a fini dans un tiroir, jusqu’au jour où Willy les aurait ressortis, feuilletés avant de s’exclamer : « quel idiot je suis ! ». Willy, en homme de lettres peu scrupuleux habitué à faire travailler les autres pour lui (il avait sous sa coupe un certain nombre d’écrivains fantômes), reconnut immédiatement la valeur marchande possible de ses récits et les fit éditer sous son nom. De mémoire il a demandé à son épouse de pimenter un peu la chose, histoire de faire vendre mieux.
Pourtant, bien les « Claudine » aient certainement été appréciés à leur sortie pour leur côté parfois coquin, en plus du talent d’écriture de l’autrice, ces romans sont à mettre dans toutes les mains. Mon grand-père, celui qui aimait tant l’écrivaine Colette, avait coutume de dire, à propos de ses enfants : « S’ils peuvent comprendre ce qui est écrit dans un livre, c’est qu’ils sont en l’âge de le lire ». Bon, de toute évidence il parlait des livres de sa bibliothèques, des livres de qualité littéraire et certainement pas nourris de descriptions graphiques !
En ce qui concerne Colette, je suis entièrement d’accord avec cet adage. J’ai bénéficié sans nul doute, par les romans de l’autrice, des récits très amusants et distrayants, très faciles à lire, d’une éducation éclairée, non moralisatrice et très saine. Je ne comprends pas, et ne comprendrais jamais, pourquoi les romans Claudine ne sont pas étudiés au collège et au lycée. Des romans faciles à lire, drôles, qui traitent de sujets forts, sans jugements mais sans concessions non plus : la bi-sexualité, l’homosexualité, la pédophilie, les couples avec une forte différence d’âge, les amitiés, les amitiés amoureuses, le couple, les relations familiales en général.
Je le répète il n’y a rien de choquant dans les romans, en particulier les « Claudine ». Les lire apportent au lecteur un éclairage sain et naturel sur la sexualité, tout en mettant en exergue les comportements malsains : l’homophobie, la pédophilie, la jalousie, la dominance… Tout est traité de manière discrète, l’autrice ne s’étend pas sur chaque cas, jetant juste une phrase, une scène, un détail de ci de là, sans insistance, laissant toute sa place à l’histoire et à ses personnages. Malgré tout on comprend bien et cette manière d’instruire et de prévenir est pour moi remarquable.
Cette série de livres raconte la vie de Claudine, son enfance campagnarde, puis sa vie parisienne. Elle n’a plus de mère et vit avec son père, un homme affectueux mais distrait, passionné uniquement par l’étude des limaces, et qui laisse sa fille, brillante et vive, vivre sa vie à sa manière.
Il y a plein de détails piquants, les enfants qui grignotent les fournitures scolaires, les amours des maîtresses, le patois du Berry, l’ambiance de l’école, la vie à la campagne. Le tome suivant nous emmène à Paris, où Claudine est exilée, la mort dans l’âme, la campagne lui manque terriblement. Elle finira par s’y faire, y rencontrer du monde, son futur mari.
Le quatrième et dernier tome « Claudine s’en va » est un roman particulièrement intéressant. Curieusement le personnage principal n’est pas Claudine, mais une autre jeune femme, une amie de Claudine (devenue personnage secondaire du roman). Cette jeune femme, une personne timide et dépourvue ou presque de toute confiance en elle, vit sous l’emprise d’un mari dominateur et condescendant. Au cours du roman elle va apprendre à se défaire de cette emprise pour prendre son envol. A travers ce personnage c’est Claudine qui s’en va, c’est Colette qui quitte Willy pour vivre sa vie comme elle l’entend…
Cet un thème qui parlera à beaucoup de lectrices (et c’est un roman qui peut être lu de manière isolée).
Enfin un dernier mot pour vous parler de « Dialogues de bêtes », un court roman où seuls prennent la parole, tour à tour, le chien Toby-Chien et le chat Kiki la Doucette. Les humains de l’histoire sont « Elle » et « Lui », tout est vu par des yeux canins ou félins. D’habitude j’ai beaucoup de mal avec ce genre de récits qui anthropomorphisent les animaux, en leur donnant des pensées quasi humaines, mais ce roman est bien l’exception ! C’est drôle, touchant, élégant, plein de personnalité et de chaleur… Un délice à lire !
J’aime tellement cette auteure. J’avais découvert Claudine vers 11 ou 12 ans. Quelle surprise en comprenant le béguin de la maitresse et l’élève ! J’ai relu plusieurs fois parce que je n’étais pas sûre ! A cet âge je ne connaissais rien à ce genre d’amour ! Mais au fil de mes relectures, j’ai compris bien plus de choses et j’ai aimé chaque fois un peu plus !
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Pareil, au début je devais juste penser qu’elle était particulièrement câline ! Puis la jalousie de la directrice, et le retournement de veste de la jeune et jolie maîtresse, ont dû me mettre la puce à l’oreille ^-^
C’était une bonne manière de comprendre beaucoup de choses, même si les étiquettes (homo bi-sexualité, pédophilie, homophobie…) n’étaient jamais posées.
D’ailleurs ça fait longtemps que je ne les aies pas relus, je crois que c’est le moment 🙂
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J’adore vraiment 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 🙂
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